Religion
Le culte des dieux représentait certainement l’une des parts les plus signitificatives de la vie des Korogaï : presque toutes leurs activités étaient dédiées à l’une ou l’autre des divinité de leur vaste panthéon. La manière de révérer les entités du monde spirituel pouvait varier selon le moment et l’effet attendu, allant de la simple prière individuelle aux rituels les plus élaborés, réunissant l’ensemble des membres d’un clan ou les élites d’une tribu. C’étaient les duÿrs qui, le plus souvent, étaient responsables de l’organisation des cérémonies visant à s’offrir les faveurs divines.
Un vaste panthéon
Au gré des époques, les divinités que révéraient les Korogaï ont pris des formes très diverses, certaines sont apparues, d’autres ont disparu, mais le socle commun est resté globalement le même. Le culte de Koro et celui des douze divinités du dodécathéon ont perduré tout au long de leur histoire, et la mythologie partagée relatait des évènements forts similaires sur Oleÿro, Aru, Xenerax ou Miri, avec quelques particularismes planétaires, voire régionaux. En outre, chaque tribu honorait ses propres ancêtres et contait les exploits de ces héros divinisés, lesquels avaient, par leur action, rendu possible l’existence et la prévalence de leur lignée. Ainsi, certaines traditions religieuses étaient communes à l’ensemble de la race, tandis que d’autres n’étaient partagées que par les membres d’un seul et unique peuple. Le culte global professé par les duÿrs était centralisé sur la planète Lorion où se réunissaient les éminences spirituelles korogaï susceptibles de répondre aux questions d’ordre théologique.
Les trois principes spirituels de l'individu
Selon les croyances partagées par les enfants de Koro, il existait trois principes énergétiques issus du monde spirituel permettant d’animer le corps matériel au sein de l’univers physique :
Le xî (l’esprit)
Associé à l’élément du feu, il correspondait à la perception et à la pensée. Il s’agissait de la partie consciente et rationnelle, comprise comme une lumière éclairant l’obscurité du monde matériel afin d’y guider le bâ pour l’aider à accomplir sa destinée. Lors du Grand Jugement, au moment de la mort, les dieux vérifiaient si ce destin avait effectivement été accompli et si le défunt avait respecté le code de droiture dans le monde matériel avant de lui attribuer une destination finale : illumination, réincarnation ou destruction.
Le mû (le corps spirituel)
Assimilé à l’élément de l’eau, il était envisagé comme une projection du corps matériel au sein du monde spirituel. C’est grâce à lui que les Korogaï pouvaient rejoindre l’Intermonde et y évoluer naturellement après avoir franchi l’Interstice. Il constituait le centre des émotions, des sensations et des passions, et se voyait mis en mouvement par le bâ.
Le bâ (l’âme)
Correspondant à l’élément de l’air, on l’interprétait comme le souffle permettant d’animer le corps et d’attiser l’esprit. Il était associé à une destinée demandant à s’accomplir. Le bâ individuel était lié au bâ collectif du clan, et à plus grande échelle, au bâ de la tribu, voire au bâ de Koro que se partagaient tous ses descendants.
Calendrier et célébrations religieuses
Bien que les jours et les saisons diffèrent selon leur planète d’origine, les Korogaï respectaient tous un calendrier religieux similaire basé sur la période de révolution de l’astre qu’ils habitaient. Celui-ci était organisé en douze mois, chacun consacré à l’une des divinités du dodécathéon : Alzim, dévolu à Zimmit ; Torpula, dédié à Pulpula ; Kialokaï, pour louer d’Olokîn ; Alvali, consacré à Vaëli ; Tornaroï, assimilé à Nari ; Kiotin, aux faveurs de Tîn ; Alosh, sous la bénédiction d’Oshîn ; Torletroï, dévolu à Létro ; Kitonka, pour Tonq ; Alnoïl, dédié à Noïlrog ; Toraïzel, sous la protection d’Aïslav ; et enfin Kimanikon pour implorer Mamanikam.
En outre, au cours de l’année, quatre grandes fêtes religieuses avaient lieu, organisées différemment selon les origines régionales et planétaires, mais présentant un symbolisme mythique commun : le Niâteb à l’équinoxe de printemps pour fêter le renouveau et le travail, le Niâzangul au solstice d’été en faveur de l’amour et de la glorieuse folie, le Niâklobi à l’équinoxe d’automne représentant l’avènement des jours sombres, et enfin le Niâmaz au solstice d’hiver pour célébrer la victoire des dieux sur les démons.
Rites de transition
L’existence individuelle des Korogaï était marquée par différents rites de passage qui leur permettait de marquer l’entrée dans une nouvelle étape de vie. Si leur déroulement pouvait varier d’une tribu à l’autre selon les dieux ou les ancêtres honorés, on n’en retrouvait pas moins globalement les mêmes rituels :
La naissance
Les Korogaï dédiaient presque universellement l’avènement d’une naissance à la déesse Koro, la grande Terre-Mère qui avait enfanté les dieux, même si des variations pouvaient apparaître au sein des tribus dans l’organisation du rite avec notamment la possibilité d’invoquer d’autres divinités pour bénir le nouveau-né qui se voyait, par sa venue au monde, octroyer une destinée qu’il lui fallait désormais accomplir.
L’intégration au clan
Jusqu’à l’adolescence, les enfants n’étaient pas considérés faire partie intégrante du clan au sein duquel ils avaient grandi. Il leur fallait pour cela, vers l’âge de 12, 14 voire 16 ans, s’isoler quelque temps de leur famille en vue d’accomplir une épreuve, le plus souvent reproduisant un exploit accompli jadis par son ancêtre clanique, avant de s’en retourner parmi les siens et, en cas de succès, de se voir intégré pleinement au clan en tant qu’adulte accompli.
L’initiation à une profession
Ici, les règles semblaient moins définies, et les rites en question pouvaient prendre toutes les formes imaginables selon du type de profession à laquelle l’initié s’apprêtait à prendre part. En fonction des cas, la cérémonie finale pouvait avoir lieu moins d’un an – pour un balayeur, par exemple – jusqu’à plusieurs décennies après le début de l’apprentissage – dans le cas des duÿrs, notamment.
Le mariage
L’union de deux êtres également était envisagée comme une transition, en particulier lorsque les époux appartenaient à deux clans distincts, auquel cas il s’agissait de les intégrer l’un et l’autre à celui de leur partenaire de vie. Il est à noter que la séparation maritale n’était pas rare chez les Korogaï, et faisait elle aussi le plus souvent appel à un type de rituel particulier.
La mort
L’ultime rite de passage d’un enfant de Koro était celui qui le rappelait à la Terre-Mère. La transition du monde physique vers le monde spirituel nécessitait elle aussi une grande cérémonie, laquelle pouvait prendre différentes formes selon le clan ou la tribu d’appartenance du défunt. Il s’agissait alors d’aider sa partie psychique par des actes et des paroles rituels à s’en aller rejoindre le Lôhôsh en vue d’y recevoir son Jugement.